Axel Krzyzaniak
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Interview d’Axel Krzyzaniak, doctorant en chimie des matériaux

Actuellement en deuxième année de thèse, Axel Krzyzaniak se consacre à des recherches de pointe sur les biocéramiques au sein du CERAMATHS, le laboratoire de matériaux céramiques et de mathématiques de l'Université Polytechnique Hauts-de-France (UPHF). Dans cette interview, il nous dévoile son parcours académique, ses travaux actuels et les motivations profondes qui le poussent à exceller dans ce domaine passionnant.

Sujet de thèse

Axel : ma thèse, qui se déroule sur une période de trois ans, porte sur le développement des biocéramiques : des céramiques conçues pour des applications dans le domaine de la santé. L’objectif principal est de concevoir des substituts osseux ou des prothèses personnalisées, adaptées à la morphologie spécifique de chaque patient, en utilisant les technologies de fabrication additive, communément appelées impression 3D. Un aspect novateur de ce travail réside dans l’utilisation du traitement thermique par micro-ondes, qui permet de produire ces pièces en un temps record. Là où les méthodes traditionnelles nécessitent plusieurs dizaines d’heures, ce procédé innovant permet d’obtenir des résultats comparables en seulement quelques heures.
 

Etudes

Axel : après l’obtention de mon baccalauréat, j’ai entrepris une année en médecine. Cependant, la compétition intense entre étudiants m’a rapidement déplu. Ce qui m’a finalement motivé à poursuivre mes études en licence a été la proximité avec les enseignants et les équipes pédagogiques, un aspect que j’appréciais particulièrement. En effet, cette proximité est renforcée par l’échelle humaine de l’UPHF, où même en L1 les promotions ne dépassent pas 100 à 120 étudiants. Contrairement aux grandes universités comptant plusieurs centaines d’étudiants. Ce cadre plus intime favorise les échanges et un suivi personnalisé, ce qui est un véritable atout. J’ai alors décidé de réorienter mon projet en intégrant une formation visant la police scientifique.

Puis, l’idée de poursuivre jusqu’au master m’a séduit comme une opportunité enrichissante. Durant le master (Sciences et Génie des Matériaux, parcours ingénierie, chimie et matériaux de l’INSA Hauts-de-France), une enseignante m’a parlé de la possibilité de faire une thèse, ce qui a éveillé mon intérêt pour la recherche. Après des échanges avec l’équipe enseignante et une réflexion personnelle, j’ai assisté à une soutenance, ce qui a confirmé ma décision. À la fin de mon master, l’équipe du CERAMATHS m’a proposé une thèse sur les biocéramiques, un sujet mêlant physique et chimie, qui m’a enthousiasmé. J’ai postulé, passé un entretien et obtenu le poste.

Travail actuel

Axel : mon parcours de thèse suit un schéma classique : les premiers mois ont été consacrés à la bibliographie, afin de situer ma recherche dans son domaine et identifier les perspectives prometteuses. Désormais, les expérimentations en laboratoire sont plus intensives. J’alterne des campagnes de manipulations de 2 à 3 semaines avec des bilans réguliers pour ajuster les pistes à explorer. Mon travail actuel porte principalement sur l’impression 3D, où j’utilise une matière première pour réaliser plusieurs étapes : le déliantage (on se débarrasse des liants), le traitement de la partie organique, ainsi que le frittage et la consolidation thermique. Comme je travaille actuellement sur une nouvelle machine, je suis aussi amené à développer une pâte de synthèse à partir de poudre et de solvants organiques. Parallèlement, je continue d’enrichir ma culture scientifique par la lecture d’articles, de mémoires et la participation à des conférences nationales et internationales.
 

Illustration de droite : Axel est accompagné de Prune Rifflart qui réalise son stage de Licence 3 Chimie et Applications - INSA Hauts-de-France.
Axel Krzyzaniak et Prune Rifflart

Les techniques d'impression 3D utilisées reposent sur le dépôt de cordon de matière couche par couche. Ce qui compte, c'est de trouver le bon compromis entre le minimum de matière utilisée (donc une réduction du coût et du temps d'impression) et le maintien des propriétés mécaniques adéquates pour les applications visées. 

Motivations

Axel : je ressens une grande fierté à l’idée de devenir docteur, et une satisfaction personnelle de prouver que je peux mener ce parcours exigeant à son terme. Ce qui me motive le plus, c’est l’impact concret de mes travaux, qui pourront un jour être utilisés pour améliorer la vie des gens. En travaillant sur des substituts osseux et des prothèses, je contribue aux avancées en réparation orthopédique, dentaire et médicale en général. Mon objectif, ancré depuis mes débuts en médecine, est d’avoir un impact positif sur la santé des patients. Aujourd’hui, je sens que la boucle est bouclée, et je suis fier de contribuer à un avenir meilleur pour les autres.

Conseils 

Axel : le premier obstacle est la perception erronée de la thèse : beaucoup, y compris mes amis, me considèrent comme un étudiant. Pourtant, je travaille, je n’étudie plus : je n’ai pas de cours et je perçois un salaire. Ce préjugé qu’être "étudiant" trois ans de plus doit être dépassé. Un autre défi est la durée des études, qui peut sembler intimidante. Cependant, avancer étape par étape rend ce parcours accessible. À la fin de ma licence, j’ai visé un master, puis une thèse. Les thèses CIFRE offrent aussi une alternative en partenariat avec une entreprise, avec un rythme plus orienté vers les applications concrètes.
Pour démystifier la thèse, échanger avec des doctorants de divers domaines est essentiel. Cela aide à comprendre les différentes méthodes de travail, entre rédaction, conférences et applications. Enfin, développer son réseau est un atout précieux : nos contacts, avec entreprises ou laboratoires, deviennent des ressources stratégiques pour des collaborations ou projets futurs.