
Nocturnes de l'histoire
Au sein de la médiathèque Simone Veil se cachent des trésors de manuscrits enluminés et de documents iconographiques mis régulièrement en valeur à l’occasion d’événements culturels et scientifiques. Ce bâtiment renferme également les archives municipales de Valenciennes, dont les fonds contiennent des sources uniques sur l’histoire de la ville depuis le XIIIe siècle.
Les Nocturnes de l’Histoire qui s’y dérouleront en 2025 offrent au public deux temps forts autour de la présentation de pièces remarquables du fonds des archives municipales et de deux conférences sur le thème des animaux familiers dans les anciens mondes, Antiquité et Moyen Âge.
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Le 26/03/2025
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18:00 - 20:30
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Conférence
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Médiathèque Simone Veil
59300 Valenciennes
Les fonds patrimoniaux de la médiathèque Simone Veil contiennent des documents révélateurs de la place occupée par les animaux familiers depuis le Moyen Âge jusqu’à l’époque moderne. Entre autres sources, les images présentes dans les manuscrits médiévaux regorgent d’animaux familiers qui font partie intégrante de l’environnement quotidien des hommes et ne répondent pas exclusivement à des fonctions ornementales.
Les Archives municipales de Valenciennes sont parmi les plus riches des Hauts-de-France et permettent de retracer l’histoire de la cité depuis le XIIIe siècle, mais aussi celle des nombreux animaux domestiques ou non qui la peuplaient, tels que chats, chiens, porcs ou poissons. La lecture des ordonnances municipales, des testaments, des actes de ventes immobilières et des archives judiciaires, donnent de nombreux éléments sur les relations entre les hommes et les animaux dans l’espace urbain. Certaines de ces sources seront présentées et commentées en marge des conférences.
Les animaux ont une histoire, et nous le savons depuis l’ouvrage de Robert Delort paru en 1984. C’est un champ historique qui a mis du temps à se construire et qui a connu, au tournant des années 2000, une orientation résolument naturaliste : les animaux du passé sont étudiés pour eux-mêmes, et non plus seulement pour ce qu’ils représentent dans la construction du monde des humains, leurs économies et leurs sociétés. Les historiens ont cependant un accès plus évident aux documents qui permettent d’explorer les relations homme-animal. La notion d’animal familier n’est plus claire pour les époques anciennes, car on a longtemps simplement déplacé le regard des humains d’aujourd’hui sur leurs animaux dans les temps anciens, sans prendre en considération l’historicité des représentations et des attitudes. Fabrice Guizard, médiéviste, propose de revoir la place du chien dans le Moyen Âge occidental. Le « meilleur ami de l’homme » ne l’est pas toujours ; et la frontière entre l’animal familier attaché à un maître et la bande de chiens de rue plus ou moins féralisés semble souvent bien floue.
Sarah Rey, antiquisante, reviendra, quant à elle, sur les manières dont les cris ou chants des animaux participent à l’environnement sonore des Romains, au risque de la confusion entre les humains et les bêtes : on peut dire des mauvais plaideurs qui officient dans les tribunaux qu’ils « aboient » comme des chiens ou des femmes en détresse qu’elles ululent comme des chouettes, etc. Dans des circonstances religieuses, les animaux produisent des bruits interprétés comme des messages divins, positifs ou négatifs : le chant d’un oiseau perçu du côté droit est ainsi considéré comme un bon signe, le hurlement d’un loup constitue au contraire une annonce de malheurs publics. Tout au long de l’Antiquité romaine, nombreuses sont les situations où l’animalité et l’humanité se côtoient, s’imitent, s’adaptent l’une à l’autre.

Organisation
Fabrice Guizard, Université Polytechnique Hauts-de-France (UPHF-Valenciennes), Laboratoire de Recherches Sociétés et Humanités (LARSH).
Intervenants
Sarah Rey (UPHF)
Fabrice Guizard (UPHF)
Anthony Guiguen (Archives municipales)
Coline Gosciniak (médiathèque)